3e partie du concert "live In Confinement" (avril 2020)- environ 30 minutes de chansons et explications des thématiques abordées. Chansons : - "Ville et campagne"- "Camionneur"- "Vivement la retraite"- "On ira tous en gériatrie"- "petit homard"
+ Intégration sociale :
Pour nombre d'entre-nous, qui n'avons pas le courage de prendre notre baluchon pour fuire au loin, rien de tel pour mieux vivre son capitalisme, que de s'adapter au système existant, en en adoptant et en adhérant à ses codes, us et coutumes, pour en devenir un représentant des plus orthodoxe.
Cette méthode visant à votre mieux être personnel, consiste en une sorte de fuite en avant, vous faisant aller plus en profondeur, vers une docilité apte à vous faire grimper les échelons, vous rendant ainsi éligible à la montée dans le wagon tant convoité de l'intégration sociale, de l'acceptation par le monde de votre présence en son sein.
Introduction :
Cette intégration sociale se fait avant toute chose, par le biais du travail jalonnant votre vie, jusqu'à sa fin.
Ainsi, par votre acceptation de ce principe, ici fondamental, par votre soumission consentie à ce système de valeurs, vous aurez contribué au bien commun d'un ordre des choses existant.
A qui profitera le plus tout ceci ?
A vous ?
A l'ordre des choses existant ?
Qu'importe !
L'essentiel n'est-il pas de se sentir au mieux durant sa vie, en faisant preuve pour atteindre son meilleur bonheur possible, de la plus grande créativité en votre possession ?
Je vous le concède, les personnes choisissant consciemment et beaucoup plus souvent inconsciemment l'intégration sociale pour mieux vivre leur capitalisme, ne sont pas forcément les plus créatives dans leur quête de recherche d'un certain confort de vie.
Mais qui sommes nous pour juger, chacun fait bien comme il peut, quand bien même le chemin de sa capacité créative risque d'avoir pour conséquence d'asseoir encore plus un régime de pouvoir déjà bien établi., parfois désigné comme cruel pour beaucoup, Comme le dirait ce cher Brice Hortefeux concernant les auvergnats, "quand il y en a un, ça va, c'est lorsqu'ils sont nombreux qu'il y a des problèmes". En somme, nos intégrés sociaux seraient selon ce principe, nos auvergnats. Prises en masse, leurs luttes concentrées vers leurs adaptations personnelles au système existant, leurs pragmatismes sociaux individuels, seront vu comme des peluches supplémentaires à la laine confortable d'un état des choses qui en réchauffe peu, au prix de l'étouffement de tous les autres.
De la même manière que pour fuir, il convient de connaître au mieux les contours desquels on veut s'extraire. Pour rester, il convient de pouvoir définir l'espace dans lequel on souhaite s'inscrire, que ce soit un pull en laine, ou autre chose. Il convient donc d'arpenter ce territoire limité, mais néanmoins divers, cette diversité se bornant à certaines limites établies au sein du groupe intégré. Les règles de limitation quant-à elles, sont la plupart du temps fixées par un nombre infime de personnes édictant les règles du lieu.
Dans toute cette diversité interne, des choix de vie se font et des choix d'espaces de vie également. Afin de pouvoir convenir au plus grand nombre, la société intégrée offre des illusions de choix multiples aux populations souhaitant changer d'air de temps en temps, sans que cela ne coute trop à l'ordonnancement établi et à l'adhésion des membres à cet ordonnancement. On peut en cela, partir en vacances, pour changer d'air, mais on peut également déménager, quelle aventure !
Au sein de cette diversité établit, les différences se font sur plusieurs aspects, qu'elles soient ethniques ou communautaires, sociales, économiques, culturelles, mais également, tout comme pour ceux qui tentent de fuir hors de ce paradigme de vie en société, géographiques.
Ces différences, comme on a pu l'analyser dans le chapitre précédent sur l'immigration, servent bien qui sait les manipuler dans un esprit de "diviser pour mieux régner". Ce principe de division sociale s'avère, en effet, bien salutaire pour éviter que les rancunes tenaces, ne viennent altérer la quiétude de ceux qui savent profiter des privilèges qu'ils ont contribué à mettre en place, ou à maintenir. Ainsi, pour le bien de ce conservatisme social, les équipes opposées jouerons et rejouerons leurs matchs les uns contre les autres, tantôt les noirs contre les blancs, les cathos contre les homos, les juifs contre les musulmans, les espagnols contre les portugais, les riches contre les pauvres, les profs contre les ouvriers, les scientifiques contre les sorciers, les beaufs contre les snobs et les bourgeois contre tous ceux qui ne sont pas eux.
En terme d'espaces internes compatibles avec le mode de vie citoyenne prôné par la société capitaliste, on différenciera notamment les espaces pleins et les espaces creux, les zones densément peuplées et les diagonales du vide, l'axe londres-Milan et le massif central....Certains vont de l'un à l'autre, ou de l'autre à l'un, selon les velléités de changements inhérents à tout un tas de facteurs voulus ou subis dans la petite vie de l'individu se déplaçant. Pour la globalité, ce n'est finalement qu'un détail puisqu'il sera tout autant possible de faire la guerre à son voisin, qu'importe qu'il soit sur le palier, ou dans la maison à 2 km...Mais pour l'individu, le changement de décor pourra représenter une respiration salutaire, un peu comme un changement de déco, un ravalement de façade qui dans la psychologie interne des personnes cloisonnées dans les codes de l'intégration sociale, sera déjà beaucoup.
- Ville et campagne
L'herbe est elle plus verte ailleurs ? Question que nombre de déménageurs, pas toujours bretons, se posent. Alors on part, à moindre frais en terme de déconditionnements sociaux. On part vivre en ville, à la campagne, on change de région, de pays, on découvre de nouveaux accents, de nouvelles cultures, de nouveaux fromages. Il n'est point nécessaire pour cela, de changer sa vision des choses, de la vie, de la société de manière fondamentale, non ! C'est plutôt comme changer son sac d'aspirateur, l'autre était plein de poussière, de souvenirs, on avait besoin de faire de la place pour respirer à nouveau, alors on le change...
Ainsi, nombreux sont les jeunes de la campagne, à inspirer à une vie plus urbaine, jalonnée des occupations proximiteuses auxquelles semble adhérer cette strate de la population. A l'inverse, les gens stressés de la ville, pollués dans leurs bronches et dans leur tête des fracas quotidiens de la vie de travailleurs, eux, font le chemin inverse. Evoluant dans la grise atmosphère bruyante des gens qui bougent sans cesse en se frôlant, ces urbains aspirent à plus de calme, de verdure, d'herbe verte, de ciel bleu, bien que saupoudré de quelques pesticides et chemtrails à foison...
Bref, nombreux sont candidats à un changement de décor, même artificiel.
Ces contradicteurs de l'exode rural, prenant les places laissées libres par les paysans à qui on a volé, jadis le travail, arrivent ainsi. Remplis de rêves et d'idées préconçues, leurs névroses plein les bagages, ils transforment les anciens corps de ferme en gîtes résidentiels, gardant le charme de la pierre pour l'extérieur et leur mode de vie ikéa pour l'intérieur. C'est une belle représentation de leur démarche, une sorte de légume vert farcie à la sauce industriel, un choux au ketchup...
Au final, chacun fait bien comme il peut, et il est vrai qu'un leitmotiv pouvant être perçu comme extérieur, superficiel, peut parfois représenter un point de départ vers un changement de chemin plus radical et fondamental. Souvent, cela ne semble pas être le cas, mais quand bien même, si tous ne gagnent pas au loto, quand on est dos au mur et que l'on sent que sa vie amène à une impasse peu ragoutante, pourquoi ne pas tenter sa chance, puisqu'on a plus grand chose à perdre.
Concernant ses migrateurs de l'intérieur du système, bien qu'ayant changé d'espace, ils sont souvent ramenés aux similitudes entre leur ancien espace de vie et le nouveau. La terre, fait souvent le lien, et ramène parfois les gens à leur ancrage naturel, qui les submerge, voir les sublime malgré eux.
De la terre ils sont né et à la terre il repartiront, ils serviront de semence aux nouvelles vies qui renaîtront de leurs cendres. Espérons que les nouveaux venus sauront se libérer plus tôt que leurs prédécesseurs, afin que ça soit autre chose que leur mort qui les libère.
- En marche !
Quoi qu'il en soit, entre la vie et la mort, il y a toujours la vie et lorsque l'on veut s'engager à fond vers son intégration sociale, il y a parfois des options qui s'imposent à nous. Ainsi, afin de savoir optimiser cette posture toute collaborationniste, il est nécessaire de savoir appréhender son univers socio-politique, afin de trouver son chemin vers ce que cette société promeut.
De nos jours, en France, comme dans bien des pays occidentaux, le néolibéralisme, ordre nouveau du pouvoir bourgeois sur le monde, à pris le pas sur les anciens conservatismes de droite néo-industriels. Cette représentation française locale, sorte d'Appellation d'Origine Contrôlée avec un béret et une baguette sous le bras, se personnifie par l'ascension de la bourgeoisie unifiée derrière un homme et son parti, En marche !
Il paraît donc évident que plus on veut s'intégrer au sein de ce système actuel, plus il conviendra d'adhérer, voir de militer (pour les plus vifs), à cette structure modélisante. Vous tenterez ainsi d'opérer un rapprochement vers ceux qui sont aux manettes des différentes prises de décisions collectives, prises au nom de tous, avec le virtuel consentement de chacun.
En Marche, historique très condensé :
On les a vu apparaître au milieu des années 2010, les nouveaux bourgeois opportunistes, avec leur beau projet d'allier politiquement droite et gauche bourgeoise. Le but de la manœuvre, fut que l'institution traduise une consanguinité culturelle, moulte fois confirmée par les actes de ces différents parti politiques au cours des dernières décennies. Un gouvernement sarkozyste d'ouverture avec des petites putes de la gauche qui adhèrent. Souvenez vous des Kouchner, Bockel et autre Strauss-Kahn FMisiens...Puis une présidence Hollande (a t-il jamais été de gauche ?), avec le messie de la nouvelle classe, Macron, au secrétariat général de l'Elysée, puis parachuté ministre de l'économie deux ans plus tard sous le gouvernement Valls (encore plus à droite que Hollande...)...Des réformes libérales aussi bien qu'avec Sarkozy, guidées par le petit Macron (comme la loi travail par exemple...)...Puis l'avènement de la nouvelle classe politique, la même que l'ancienne avec les plus traîtres de chaque partis en présence, saupoudrée de quelques nouveaux venus, soit nouveaux snobs, soit gravitant déjà autour des cercles de pouvoirs depuis quelque temps...
Voilà pour la petite histoire...
Ce qui m'intéresse dans tout ce processus, ce sont les gens, les gens lambda, qui se sont engagés dans cette démarche, qui ont suivi ce wagon et qui ont permis l'avènement de ce nouveau système aux manettes des institutions publiques française. Le néolibéralisme mondial tisse sa toile. La France ne fut pas le premier pays de l'alliance des états blancs occidentaux à avoir un chef de l'état, parachuté par les médias quelques années auparavant, sur la scène publique. Habituellement, seuls les plus roués du système médiatico politique, les connus depuis des décennies, parviennent à accéder au poste suprême. Combien de temps aura t-il fallu aux Chirac, Mitterrand, Hollande ou Sarkozy pour atteindre la présidence ? Pourtant, déjà au Canada avec Trudeau, Aux USA avec Obama, on avait vu apparaître ce type de nouveau bourgeois poussé par le matraquage médiatique à la tête des institutions de ces états.
Les gens lambda, ces citoyens téléguidés, perroquets de quoi qu'il se dise, pourvu que ce qu'ils suivront soit dit plus fort, plus fréquemment et avec plus de moyens, suivent quoi qu'il se passe. C'est ainsi qu'on les a bien conditionné depuis la naissance, et c'est ainsi qu'ils suivent les voix politiques de la raison commune dictées par la télé et les sondages. Cette nouvelle religion, ces nouveaux dogmes télévisuels, remplacent de nos jours les religions plus anciennes, ou la vie citoyenne se dictait à l'Église. Aujourd'hui, les églises ont évoluées, elles se trouvent sur BFM TV, mais les ouailles écoutent comme avant.
Les plus intégrés de ces gens, sorte de "résistants" de la première heure, ont commencés à fleurir les marchés, battre le pavé, pour tracter, militer et ainsi ont engagé un certain mouvement populaire légitimant l'avènement d'une pseudo nouvelle classe aux affaires politiques. Durant cette campagne présidentielle de 2017, on les a vu, les marcheurs dans toute la France, marcheurs enclins à voir évoluer les institutions, renouveler le personnel politique, changer les choses...Comme cela, ils faisaient acte d'intégration extrême, puisque participant très activement au pouvoir établi via les règles en vigueur au sein du régime, ici en œuvrant au sein de la cérémonie des élections "démocratiques".... La voilà, l'expression libre des opinions au sein d'un carcan en place pour que seules les idées adhérant au moule de la domination des masses puissent y être audibles.
Quelques années plus tard, peu de ces gens n'ont pas été déçus de l'arnaque. Certains se sont même transformés en Gilets Jaunes, c'est dire !
Le nouveau monde était, en réalité, l'ancien monde et les élites politiques unifiées ont, comme avant, accaparé tous les postes de pouvoir. La réelle différence résidait dans le fait que le nouveau parti "élu" avait, à la suite de ce processus, les mains plus libres pour pouvoir mener une politique néolibérale encore plus violente qu'avant.
A la vue de ce constat, une infime parti de ces personnes en quête acharnée d'intégration sociale, sont demeurés marcheurs. Ces personnes là sont admirables de pugnacité, leur objectif de vie à su prendre le pas sur tout le reste...Morale, éthique, rien de tout ceci n'a d'importance pour eux si ses notions ne s'incluent pas dans les principes de ceux qui décident pour tous. Ce chemin là, à plus ou moins grande mesure et à plus ou moins haute intensité, est le chemin du mieux vivre son capitalisme en suivant la voie commune de l'intégration sociale.
Cette voie suit son "Cursus Honorum", cursus se différenciant selon sa situation sociale de départ, qui définit une potentielle situation sociale d'arrivée. Cette évolution sociale, sera dans les cas des plus basses classes sociales de départ, essentiellement une évolution sociale espérée. Concernant les plus hautes classes de départ, elle ne sera pas réellement une évolution, mais plus une conservation. L'important est que les unes espèrent, les autres conservent et que tous y croient.
Pour les plus lambda des gens lambda, ceux qui suivent naturellement les règles édictées, dont celles résultant en la bienveillance envers un système qui les exploite tout en les méprisant fondamentalement, ce cursus se suivra naturellement, de la naissance à la mort, avec comme fil rouge le service rendu à la nation bourgeoise.
Un marqueur clé d'intégration sociale : le travail.
Au sein de cette société bourgeoise, le travail reste le marqueur clé de l'intégration sociale. Celui qui travaille est celui qui est inséré, celui qui est ou il faut qu'il soit. Ainsi, la plupart des personnes passeront leur vie à l'école, puis au travail, pour terminer leur parcours en retraite (pour ceux qui peuvent et c'est de moins en moins le cas) jusqu'à ce que la mort les sépare lentement de cette vie sociétale. Jusqu'à cette séparation quasi-définitive, le parcours des personnes sera jalonnée de normes et de règles commerçantes à suivre de manière obligée.
Camionneur, travail traversant bien des notions transverses.
Prenons l'exemple d'un humain intégré par le travail. Continuons en étudiant l'exemple d'un travail l'amenant à suivre quelque peu les critères géographiques que l'on a évoqué précédemment, dans les chapitres de l'intégration géographique et de l'exclusion sociale.
Quoi de mieux pour traverser toutes ces notions que d'évoquer le métier tout particulier de camionneur.
Concernant les personnes pratiquant cette activité professionnelle, plusieurs notions contradictoires se rapprochent et se touchent, leur faisant vivre des contradictions quotidiennes, amenant des espaces clos des cabines, aux grands vastes étendues traversées, des mentalités inhérentes à des passages dans les univers cloisonnés de l'autoroute, au côtoiement de cultures diverses rencontrés durant les voyages.
L'enfermement dans l'évasion, le voyage confiné, voilà ce qui représente à mes yeux, le mieux, ce petit microcosme professionnel intégré, au centre du bon fonctionnement des économies capitalistes. Qui aurait pu croire que l'on en arrive à une généralisation du fret pour les transports de marchandises.?. Il reste de l'essence, l'économie énergétique au tout pétrole bat son plein, malgré les prédictions en manque de combustible et en nécessité de renouvellement des sources énergétiques permettant aux produits de voyager, alors le camion continue son train train.
A l'intérieur, le camionneur transporte les inégalités économiques sur les trajets internationaux, participant au pillage des ressources des pays pauvres, venant enrichir les économies commerçantes des pays riches. Le travailleur y est intégré, gagne sa croûte, nourri sa famille, mais au final, la voit très peu.
Une vie de travail bien menée, peu de temps et d'énergie pour tout autre chose, voici le lot de la vie des humains intégrés par le travail, qui fatiguent, fatiguent et tiennent bon, jusqu'à ce qu'ils ne tiennent plus.
Certains arrivent à s'engager dans la voie suivante de l'après travail, d'autres tombent au champs d'honneur, la fierté d'avoir œuvré pour un système qui leur aura fait passer leur temps à sons service.
Vivement la retraite !
Les plus vaillants et résistants de ces candidats à la vie normée, s'en iront alors vers une retraite bien mérités, retraite de plus en plus lointaine pour la plupart, à mesure que les gouvernements voraces en biens d'autrui, réforment et réforment une source de dépense inutile pour eux. Une déconnexion certaine aux réalités, me direz vous peut-être, puisque quand il n'y a plus de carottes, les acceptations des coups de bâtons s'avèrent plus difficiles à soutenir, à accepter.
Quand bien même, aujourd'hui, la carotte de la retraite existe toujours et les gens intégrés continuent de calculer et d'espérer les bons points pour une vie d'après travail décente...Les promesses n'engagent que ceux qui les croient, comme dirait l'autre.
Bien contents de leur minimum vieillesse, les travailleurs intégrés voient passer leurs dernières années d'âge en mauvaise santé pour les plus nombreux, en santé déclinante pour tous, pour jouir enfin d'un temps, où les contraintes du travail sont bien vites remplacées par les contraintes médicales.
On ira tous en gériatrie...
Les plus acharnés de ces heureux retraités, voient leur autonomie se transformer en dépendance et leurs enfants solidaires, respectueux envers leurs parents de les avoir aidé à grandir lorsque c'était eux qui étaient dépendants et vulnérables, préfèrent souvent payer des commerçants médicaux professionnels, pour accompagner la fin de vie de nos plus anciens.
Loin des yeux, loin du cœur, mais se rappelant aux bons souvenirs familiaux par les liens des frais onéreux payés aux hospices, les intégrés vieux meurent doucement, jusqu'à ce que cela s'accélèrent, et les intégrés jeunes paient pour ne pas trop s'en soucier, déjà bien occupés par leur propre vie d'intégrés au travail.
C'est ainsi, dans la plus grande dignité des rapports coûts/profits des sociétés commerciales de la fin de vie, que les petits vieux qui perdent le corps et la tête, se voient dignement nettoyés le cul par des infirmières et aides soignantes en sous-effectifs, dont la fatigue morale et physique prend vite le pas sur des considérations toutes morales sur le respect aux personnes.
"Tu naîtra poussière et tu finiras poussière", se transforme ainsi très vite en " tu commenceras ta vie en te chiant dessus et tu la finiras en continuant cette même quête fécale". Dans les deux cas, il faudra te nettoyer et si les moyens font défaut, il faudra patienter dans les odeurs de merde. Quoi de plus propice à la méditation dans l'humilité, pour qui vit une telle situation. L'occasion de se remémorer les passages les plus glorieux de sa vie d'intégré, de son œuvre sociale au sein d'un tout bien huilé, de sa contribution à la tâche commune. Là au fond de son lit, sous quelques couches des effluves de son naturel pourrissement, l'esprit pas encore tout à fait éteint, le travailleur en fin de vie repensera à tout ceci.
Ce bilan se fera parfois, souvent, loin de sa famille payant sa pension au prix très fort. Plus le prix sera fort, plus lointaine sera la sensation d'abandonner ses anciens à des auspices priorisant leurs marges financières aux vies humaines qui en sont les objets.
Achetant durant toute sa vie son intégration, souvent plus proche d'une non-exclusion, l'homme intégré verra ainsi sa dépendance achetée par le capital, afin qu'il puisse, une dernière fois, faire profiter de sa fin de présence, l'œuvre commune au profit de ses bienfaiteurs bourgeois.
La fin de vie sera ainsi le centre de tout un petit microcosme, vivant tels des charognards, de la décompositions de ceux qui s'en vont. Une ambiance des plus ravissante, pour qui virevolte en mouche à merde soignante. Tels des petits lutins utiles, ils déblaieront à coups de truelle, la merde de ceux qui mangent encore, histoire qu'on puisse encore voire leur tête qui dépasse, afin de leur faire un dernier coucou pour les autoriser à mourir.
Mieux vivre son capitalisme par sa volonté d'intégration forcenée, sera ainsi le chemin des plus nombreux d'entre nous. Une vie de rien, pour des gens de rien, ainsi que les considèrent parfois leurs maîtres, sera le tout de la vie de ces gens qui savent bien suivre le consignes.
Idiots utiles des puissants, ils réaliseront leur vie se déchargeant de toute remise en cause sociale. Ainsi, ils mèneront leur barque sans trop de heurts, mais chargé de tout ce que le pouvoir qu'ils suivent, parfois aveuglément, les aura convaincu de porter pour qu'ils continuent de flotter, de rester à la surface, de ne surtout pas couler.
Chacun vit comme il peut et qui sommes nous pour juger du mode de vie choisi par la plupart. A différents degrés, de différentes manières, nous tentons de nous rendre la vie la plus heureuse et la plus confortable possible. Suivant ces précepte communs, chacun prendra son chemin et celui de l'intégration sociale, le plus emprunté, semble le plus évident à prendre.