Sur le sujet :
Le Gustavson's Project 2- L'égo
Gustavson's Project - 3 : Développer un projet en commun
Gustavson's Project - 4 D’où l'on part
Gustavson's Project -5 : Concrétisation d'un projet
Gustavson's Project - 6 : Tout contre pouvoir est bon à prendre...
Ça y est ! Ou plutôt, ça y était....
J'avais trouvé des gens avec qui travailler dans un projet commun. Le concept était assez sympa, cela consistait en gros, à créer un lieu "alternatif", sorte de pépinière de projets
d’épanouissement et d'autonomisation des individus, à travers diverses activités qui y seraient transmises.
Dans une sorte de hangar, ce projet consiste à créer un garage associatif, ou les gens viendraient par nécessité, soit ici, la nécessite de réparer leur véhicule. Vu que c'est associatif et que
c'est pas fait pour se faire du gros bénef sur le dos des usagers qui n'y connaissent foutrement rien en mécanique, les dites réparations se feraient à des prix de main d’œuvre moitié moins cher
que ceux des garages privés. L'intérêt de la chose, serait que les automobilistes devraient réparer eux même leur véhicule, accompagné d'un mécanicien qui les conseilleraient, les guideraient et
mettrait la main à la pâte si besoin...Ce lieu servirait aussi dans un second temps, de local pour que les gens puissent avoir l'espace et les outils nécessaires, pour réparer leur véhicule eux
même. Il y aurait même des possibilités à terme, de location de véhicules à prix modiques.
Mais ce lieu, articulé autour d'un garage associatif, serait également une pépinière de projets artistiques de toutes sortes, dont le but serait l'épanouissement, la reprise de confiance en soit,
en vue d'une meilleure autonomisation de l'individu, par l'art et les outils qui seraient mis a disposition en ce lieu.
Alors ces idées, c'est bien beau, encore faut-il les rendre concrètes. Pour se faire, pas de secret, il faut un financement. Celui-ci peut se faire de différentes manières, par des subventions
publiques, par du mécénat d'entreprises qui trouveraient dans ce projet, une bonne com pour leur image et quelques réductions d'impôts, par les cotisations des abonnés et bénéficiaires de
services... Attention, pour cette dernière chose, selon les services demandés et la précarité ou non des bénéficiaires des services du lieu, la cotisation varierait jusqu'à la gratuité, cela va
de soit, le but est que tous, surtout ceux qui n'y ont pas accès habituellement, puissent bénéficier de ces services.
Avec toutes ces belles idées, je suis allé à une réunion, avec d'autres gens intéressés par le projet, dans l'optique de discuter de quel lieu nous aurions besoin et comment l'obtenir.
On arrive dans une maison, un squat, très sympa. Le rendez-vous était à 20h30, mais à 20h30, à priori, c'était plutôt l'heure de la bouffe. Pas de soucis, on me propose même une assiette, un
verre de vin...J'attends, je discute, je bouquine...Et enfin, l'heure de la réunion commence...La bouffe avait lieu dans une salle chauffée, grande, avec une grande table, idéale pour la
réunion..Mais pour la réunion, on nous a fait monter au..Grenier, pas chauffé, cela va de soit...Du coups, je me suis dit; est-ce qu'on ne m'aurais pas pris pour un clébard ? Est-ce que j'ai une
tête à faire des réunion dans des greniers poussiéreux, ou une fumée sort de sa bouche à chaque expiration ? Encore je dis ça, les clébards, ils avaient le droit de rester au chaud dans la grande
pièce chauffée. Non, franchement, je veux pas faire mon bourgeois, mais quand on invite des gens à une réunion, on les reçoit pas dans un grenier à se peller les couilles pendant trois heures
!!!
Alors la réunion commence, ou plutôt ne commence pas...Moi, je suis un petit nouveau dans le truc..A priori, ils ont déjà fait des réunions sur le projet de réunir en un lieu, des ateliers de
créations, de diffusion et de partage artistique avant. Mais là, personne pour organiser le truc, présenter les choses..Bref, personne pour animer la réunion...Alors après une minute de regard en
chien de faïence, c'est moi qui m'y suis collé. Je me présente, tout ça, on propose de faire un petit tour de table et ça part de manière chaotique...Disons que les gens n'avaient pas l'air ravi
de se présenter, ils avaient l'air plutôt gênés..Du coups, ça ne donnait pas envie d'écouter..Bref.
Comme je n'avais pas de temps à perdre et surtout pas dans le froid glacial qui régnait dans ce grenier, j'ai essayé d'organiser le truc tant bien que mal. Je voulais savoir ce que les gens
voulaient faire, ce dont ils avaient déjà parlé ensemble, histoire de faire avancer le schmilblick...Moi le gars qui était jamais venu, je devais faire ça. J'étais bien obligé, le mou artistique
du moment, s'il avait duré plus longtemps, m'aurait rendu hystérique. Certains avaient rédigé des compte rendu des ateliers et activités qu'ils désiraient poursuivre dans un lieu commun. Ils ont
sortis des feuilles, j'ai donc commencé à les lire en me disant; "comme ça il y aura ptetre un débrouillard qui aura les couilles de prendre des initiatives, pour que la réunion avance...". Alors
on me dit; "tu ne devrais pas lire pour toi, ça serait mieux que tu en fasse profiter tout le monde"..OK, alors je commence à lire à haute voix...Là dessus, une autre personne me dit; "non, mais
ce serait mieux que chacun lise son projet..". A la bonne heure !
Donc ils se sont chacun mis à lire leur projet..La première, avait besoin d'une grande salle pour faire de la danse, de l'expression artistique et éventuellement d'autres trucs..Bref, elle avait
besoin d'une grande salle. Ensuite, un mec voulait ouvrir un atelier "musique". Très bien, un atelier musique, il y a plein de gens qui auraient envie d'apprendre à s'exprimer par la musique.
Très bien, il y a tout un tas de groupes qui font de la zic dans leur cave et qui n'ont pas les thunes pour enregistrer leurs sons, afin de pouvoir démarcher des salles et bars, pour diffuser ce
qu'ils font...Très bien tout ça...Sauf que le mec, ce qu'il propose, c'est de mettre à disposition deux ou trois locaux de repet, pour lui et ses potes qui sont en galère de lieux pour
jouer...Avec éventuellement un petit studio pour s'enregistrer avec ses potes...Je dis avec ses potes, parce que quand on lui a demandé quels seraient ses critères de selection pour choisir les
groupes qui bénéficieraient d'un local de repet, il a répondu que ça se ferait à "l'affinitive"..Bref, ses potes !
Pour l'atelier vidéo, pareil. Des gens qui ont besoin d'un local pour faire leur bins perso, leur petit atelier à prix modique, sur le dos d'un projet qui était sensé se faire au bénéfice de la
collectivité. Mais ils sont généreux, ils ont précisé qu'éventuellement, ils ouvriraient leur atelier de temps en temps au public...Sympa !
Il y a bien eu l'exposition de projets intéressants, comme une asso qui fait de la sérigraphie et qui publie des trucs interessant, l'exposé du mec qui à le projet du garage alternatif, puis d'un
autre qui propose d'implanter une nouvelle monnaie locale basée sur le miel...Mais les exposés d'avant avaient déjà fixé mon opinion : ces gens là sont très sympa, mais je n'ai pas que ça à
foutre d'aller me peler les couilles dans un grenier, à écouter des gens qui t'expliquent qu'ils cherchent un lieu pour avoir leur atelier perso à moindre frais, avec l'aide de mon énergie à
moi...
Quand le mec parlait d'un projet novateur sur la monnaie basée sur l'étalon miel, une denrée non périssable, permettant d'offrir une alternative au système financier, ou 90% des devises sont
basées sur du vent, créant inflation, bulles spéculatives et arnaque du peuple...Quand le mec disait ça, les gens lui répondait "ouais mais tu sais, nous on ne veut pas être dans ce rapport là
des gens qui se valorisent entre eux avec un billet de banque, même si c'est su miel ça sera toujours de l'argent tu comprends"...C'est glucose quoi...L'argent c'est caca, entre nous, on ne parle
pas argent, on ne s'échangent pas d'argent..Évidemment, entre eux c'est vrai. Ces personnes vivent dans un squat, cultivent un potager, ils n'ont pas de thune et ils vivent sans. Tant mieux pour
eux. Mais pour ce qui concerne le reste de la terre, tout ceux qui ne vivent pas dans leur petit squaquat ? Ben, ils ont l'air de s'en foutre... Si c'est ça, ils iront se chercher un nouveau
squat et de nouveaux ateliers pour leur créations personnelles sans moi !
Attention, ces gens là sont très sympa, ouvert d'esprit et tout et tout. Ils font des trucs sympa parfois, dans le cadre de leur squat...Mais là, j'étais venu pour collaborer avec eux dans un
projet centré sur les autres, sur la promotion vers l'extérieur, de façon nouvelles de fonctionner pour une structure, en aidant un public bénéficiaire de services, à un meilleur épanouissement
personnel et une plus grande autonomie par rapport au fonctionnement sociétal en vigueur. J'avais envie de ça et on m'a proposé, un squat de potes avec des ateliers perso, qu'ils ouvriraient
éventuellement à d'autres potes ou aux gens qui leur auraient assez léché le cul...Ben qu'ils l'ouvrent leur lieu, ça sera surement sympa. Je leur souhaite plein de réussite, mais ça sera sans
moi. Mon but est d'ouvrir l'art et la culture aux personnes qui n'y ont pas accès habituellement, d'ouvrir à un engagement politique et à de nouvelles façon de fonctionner soit même et en
société, pas de perpétuer l'élitisme culturel sans se l'avouer, parce qu'on met des pulls en laine, qu'on se coiffe de dread locks et qu'on vit dans un squat.
J'avais parlé de l'intérêt que pourrait être ce lieu dans l'exemplification de ce qui peut se faire localement, en fonctionnant selon d'autres valeurs que celles du profit véhiculé par la société
néolibérale. On m'a répondu que l'on ne voulait pas jouer ce rôle, qu'en gros, on voulait avant tout faire les choses pour soit et pas se sacrifier pour les autres. Pour faire son truc dans son
coin, pourquoi ouvrir le lieu au public ? Si c'est juste pour organiser des soirées pour récolter des fonds qu'on garderait pour sa gueule, je ne vois pas en quoi c'est différent des méthodes
néolibérales...Parce qu'on a fait une asso ? Parce qu'on travaille avec des bénévoles ? Tu parles, des esclaves bons marché au service personnel de petits artistes et promoteurs évènementiels
profiteurs de bonnes âmes...
Bon je vais m'arrêter là. Quand on fait un projet, c'est normal de se prendre des claques, de tomber sur des couilles et d'être déçu. Mais le Gustavson's Project continue !