Le travail c'est la santé des autres
Merci patron !...le texte de chanson.
link : Noir désir, "A l'envers, à l'endroit"
Une nuit qui touche sa fin, 4h du matin dans la fraicheur de l'été, une renault 11 pourri qui roule ,qui roule et qui arrive dans un parking calme.
Puis on arrive dans le vacarme, des lumières partout, des machines, des monstres, partout, les allées, les Fenwicks, les saluts francs, le vestiaire insalubre. Chaussures de sécurité pesant trois
tonnes, bleu de travail vert pomme, pointeuse et en avant.
L'usine, le bruit, la fureur, quelqu'un te forme, t'explique mal, tu n'entend rien, tu n'ose pas le dire car tu es impressionné, alors tu te plante devant cette machine ne sachant quoi faire, on
t'engueule, on te reexplique en te prennant pour un demeuré, puis tu fais. Vérification de la qualité du produit toutes les 15 mn, 10 caractéristiques obligatoires à cocher sur une feuille sale.
Parfois l'oubli et le responsable qualité qui t'engueule. Les responsables, les chefs, reconnaissables au fait qu'ils ne portent pas un bleu de travail et qu'ils regardent ceux qui en portent
avec dédain. Des machines, en pannes tout le temps, appel de la maintenance, puis travail sur une autre machine, jusqu'à 5 en même temps. Et si toute sont en panne, balais, nettoyage, pour la
première fois, j'ai aimé nettoyer, c'est l'activité la plus enthousiasmante dans une usine, sauf quand il faut passer sous une machine pour éponger les flaques d'huiles chaudes avant qu'elles
n'inondent tout.
Poste fixe, gestes éternels, membres qui fatiguent, tendons qui s'irritent et le bruit. Y ressort une musique qui nous occupe, tout est machinal, les minutes passent comme des heures, éternité de
l'ennui, on compte les secondes, les minutes, jusqu'à la pause. Sandwich, café, collègues dépités ,qui jouent le jeu de la bonhommie, quelques minutes puis tout le monde y retourne, puis la même
chose, 40 ans de la même chose pour certains. Moi j'ai tenu 2 semaines la première fois. Fin de journée, crevé, plus rien ne fonctionne, ni la tête, ni les muscles, on veut oublier, se reposer,
peu de choses que l'on puisse faire chez soit, activités simples, de survie, on mange, on regarde la télé, on dort et on retourne au travail le lendemain, pour avoir de l'argent, pour bouffer,
regarder la télé et dormir. L'usine à 17 ans, c'était ma première expérience, mes premiers pas dans le monde du travail, j'ai travaillé dans une dizaines d'usines différentes ensuite, en
opérateur, à la production, c'était parfois un peu mieux mais c'était toujours pourri. Depuis, pour moi, le travail c'est Satan, diable obligatoire, mais diable quand même.